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Dans 20 ans, le dernier derby landais
En 2032 se dispute le dernier Mont-de-Marsan – Dax avant la fusion des deux clubs de rugby.
La Calicéo Arena, construite à Tartas, a la possibilité de s’allumer
alternativement en rouge et blanc ou en jaune et noir. (photo afp)C’est une histoire triste et joyeuse à la fois. Invraisemblable aussi, mais logique, quelque part. Beaucoup espéraient le derby des Landes éternel. Mais non. Comme toute chose, les matchs de rugby opposant Dax à Mont-de-Marsan auront eux aussi une fin. Elle est programmée pour demain, le 25 avril 2032.
Évidemment, de nombreux supporteurs, nostalgiques de l’Ovalie d’antan et de son folklore, sont montés au créneau, en 2031, contre cette idée de fusion des deux clubs, arlésienne-landaise, au moment du passage du dossier devant les fourches Caudines des organes de gestion européens. Mais leur colère n’a pas pesé lourd face au formidable enthousiasme sur lequel surfait le projet.
Lors de la saison 2032-2033, le Rugby Club des Landes verra le jour et intégrera le Top 15, un championnat européen franchisé. Au sein de la plus prestigieuse des compétitions du monde ovale, les Hot Bees landaises (les Abeilles Chaudes) se verront opposées aux meilleures formations qui soient, comme les Pink Stars de Toulouse ou les Spicy Bulls basques, nés de la réunification du BO et de l’Aviron, il y a cinq ans.
La nouvelle formation parviendra-t-elle à se hisser au niveau ? Ce n’est pas, à l’heure actuelle, ce qui inquiète le plus les supporteurs. Non, ce qui fait causer, ce sont les couleurs du maillot. Car si le nom des Hot Bees est acquis, le débat autour du blason continue. Rouge et blanc ? Jaune et noir ? Pour le moment, le rouge et le jaune semblent tenir la corde, mais qui aurait cru que la nouvelle union sacrée entre l’USD et le Stade Montois se fissurerait pour de telles broutilles ? Avec le recul, tant de points ont achoppé au moment de mettre en application cette fusion qu’elle tient quasiment du miracle… Des décennies de rivalité ne s’effacent pas d’un revers de main.
La tempête de 2019
L’emplacement du stade fut le premier élément de discorde. Finalement, c’est à la « frontière » tarusate que l’enceinte est sortie de terre, après douze mois de travaux réalisés par la très entreprenante société Daudigeos de Jean-Robert Cazeaux, président du Stade Montois il y a une vingtaine d’années.
Pourquoi avoir choisi Tartas, ville encore méconnue à l’échelle européenne ? D’abord, pour ménager les susceptibilités de chacun. Mais aussi pour mettre un peu plus en avant une zone qui ne cesse de se développer depuis la grande tempête de 2019 et le début de transformation des anciennes parcelles forestières en champs d’éoliennes, qui fournissent désormais 85 % de l’électricité landaise.
La Calicéo Arena, ses 40 000 places assises, ses deux écrans géants 3D ainsi que son enceinte extérieure composée de panneaux pouvant s’allumer en rouge, blanc, jaune et noir, rivalise avec les plus beaux stades du monde. Mais l’ironie de l’histoire est que les Landes n’auraient sans doute jamais pu se permettre pareille infrastructure sans la crise économique qui secoua le monde en 2021, et dont la conséquence majeure fut de multiplier par dix le prix de l’eau. C’est ainsi que la société Calicéo, née du thermalisme au XXe siècle, a, elle, augmenté son chiffre d’affaires de 3 000 %. Désormais, l’eau chaude, toujours abondante, nourrit les moteurs des voitures. Vous avez dit aubaine ? De quoi, en tout cas, se payer le luxe d’un stade à son nom.
Un dernier tour pendable
En guise d’inauguration de cette enceinte dernier cri, ce dimanche 25 avril 2032, quoi de mieux qu’un bon vieux derby Mont-de-Marsan – Dax ? D’autant plus historique qu’il n’y en aura plus. L’enjeu est purement honorifique puisque l’avenir des Landais est déjà tracé. Mais les deux équipes, à la lutte pour le titre en championnat, veulent conclure avec panache. Et puis la perspective de jouer un dernier tour pendable à son meilleur ennemi a ouvert les appétits.
Pour le coup d’envoi, un certain Rudolph Bérek, toujours pratiquant, à 61 ans. Autour de lui, la fête promet d’être énorme. Un véritable rassemblement des amoureux du rugby landais, malgré les brouilles. Les hommes de Julien Cabannes et de Bastien Adrillon, les deux entraîneurs opposés demain mais qui se retrouveront l’an prochain sous la même bannière, ont toutefois promis de ne pas se faire de cadeau. C’est que l’ultime derby de tous les temps est en jeu, après tout. Un succès et tous les déshonneurs passés seraient largement compensés.
Les médias se sont évidemment emparés de l’histoire, « Sud Ouest » en première ligne, retraçant le fil de ces derbys qui sont entrés dans la légende. Le Brennus de 1963 d’abord. Celui du 30 octobre 2011 aussi. Sans doute le plus exceptionnel de tous d’ailleurs. Et puis tous ces Stade Montois – US Dax « pourris » qui ont finalement fait le bonheur de ceux qui les ont vécus au plus près.
Ce dimanche, l’Ovalie landaise entrera dans une nouvelle ère. Celle où nous regretterons peut-être de ne pas avoir assez profité du derby. Heureusement, pour le moment, il existe encore. (Sud-Ouest)
Le kop du maillot dont le siège se situe désormais à Lesbazeilles, organise le déplacement en faisant la tournée des maisons de retraite de la ville pour faire le ramassage des supporters. Prière de s’inscrire en précisant bien ceux qui se déplaceront en fauteuil pour prévoir la place suffisante dans la soute du bus. Pour la collation d’avant match, prière de faire passer les ordonnances à notre infirmière attitrée qui se chargera de préparer vos médicaments. 😀 😀 😀
«Au Fidji, on mange les gens» Timoci Matanavou
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