Patrick Wolff:acte II

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    jerome
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    Patrick Wolff: « Trop facile de faire venir des étrangers qui n’apportent rien au Top 14 »
    Seconde partie Patrick Wolff s’est penché pour nous sur les sujets sensibles du rugby : la convention LNR/FFR, les JIFF et la formation. Sans langue de bois.
    Le rugby français pensait que la Convention signée en 2013 entre la LNR et la FFR allait régler de nombreux maux. Au final n’est-elle pas très limitée ?
    Patrick WOLFF: Elle est adaptée aux contraintes actuelles mais elle est loin d’être parfaite. Pour le moment, elle ne peut proposer que des aménagements à la marge. Mais il n’y a pas que du négatif. Il ne faut pas oublier que personne ne discute, en tout cas sur le principe, la primauté du XV de France. Mais il faut encore améliorer l’environnement des internationaux pour les rendre encore plus compétitifs.
    Mais le groupe de 30 joueurs protégés (ne pouvant disputer plus de 30 matches par saison, NDLR) ne vous paraît-il pas inadapté ?
    P.W : Ce n’est pas ce qu’on a fait de mieux…
    Les relations entre les clubs et le XV de France ont été particulièrement tendues ces dernières années. Les comportements ont-ils évolué ?
    P.W: Lorsque j’étais à l’ASM, on avait deux entraîneurs sacrés Champions du monde avec l’Australie (Tim Lane et John McKee) qui me disaient toujours qu’ils étaient effarés de voir le degré zéro de la collaboration entre le staff de l’équipe de France et les clubs. Aujourd’hui, Guy Novès progresse à pas de géant là-dessus. Mais si cette collaboration se met en place, notamment d’un point de vue médical et de la confiance entre les entraîneurs, on aura améliorer pas mal de choses.
     » Si vous n’avez pas de Français sur les terrains du Top 14, vous ne pouvez pas avoir une bonne équipe de France »
    Au lendemain du fiasco de la Coupe du monde, la FFR a décidé de mettre en place une cellule technique pour améliorer la compétitivité du XV de France. Vous pensez sincèrement que cela va changer les choses ?
    P.W: Elle fait avec les moyens du bord. Mais croyez moi, elle est constituée de gens de qualité. Quand vous avez des personnes de la valeur de Fabrice Landreau, Thomas Castaignède, on sait très bien qu’ils vont tenir des propos intéressants sur le rugby. Mais tant qu’on n’aura pas réglé le problème international, on ne pourra pas travailler intelligemment. Tant que les clubs français et anglais ne seront pas entendus à l’international, et pour être entendu il faut qu’ils soient crédibles, et pour être crédibles il faut qu’ils cessent d’être égoïstes, on n’arrivera pas à faire avancer le système.
    Justement, qu’est-ce qui vous irrite dans ce système ?
    P.W: Il est par exemple beaucoup trop facile de faire venir en France un certain nombre de joueurs étrangers qui n’apportent rien à notre championnat. Quand vous avez Dan Carter, chapeau ! Quand on voit ce qu’apportent Colin Slade et Conrad Smith à la Section paloise, ils peuvent venir tant qu’ils veulent ceux-là. Mais est-ce qu’il en faut 13 sur le terrain au coup d’envoi ? Non. S’il y a en a trois, et que ce sont de très bons, c’est largement suffisamment. Et j’en reviens à mon credo qui a été l’objet de mon départ de la LNR. Si vous n’avez pas de Français sur les terrains du Top 14, vous ne pouvez pas avoir une bonne équipe de France.
     » Tout le monde se méfie de tout le monde. Tout le monde est convaincu d’avoir LA solution pour guérir le rugby français »
    La LNR a pourtant durci le système des JIFF (55 % de JIFF dans l’effectif professionnel)…
    P.W: C’est moi qui l’ai mis en place mais c’est une rustine. C’est comme le Salary Cap. Il faut un gentlemen’s agreement respecté entre les clubs ce qui veut dire qu’il faut faire preuve d’une confiance mutuelle. Aujourd’hui, ce n’est pas possible. Quand on publie les JIFF, on se heurte immédiatement à l’avocat de tel ou tel club qu’on dérange et qui systématiquement va faire un contentieux qui vous bloque pendant quatre à cinq ans. Si tout le monde ne se met pas autour d’une table pour évoquer le fond des choses, on va passer plus de temps avec les avocats et les experts comptables à discuter de la façon de contourner les textes mis en place.
    Mais que faudrait-il faire pour protéger et mettre en avant les jeunes joueurs français ?
    P.W: Le problème profond est d’avoir des Français sur le terrain mais aussi une formation cohérente. Tout le monde sait que les Néo-Zélanlais travaillent énormément la technique individuelle avant de faire quoi que ce soit d’autre. Nous, ce n’est pas trop le cas. On a un défaut franco-français. On commence peut-être la compétition trop tôt. Mais la DTN a promis de s’y attaquer.
    Il est très mal vu en France de remettre en question la formation…
    P.W: Le rugby français est à l’image du pays. Les gens ne se parlent pas et ne se font pas confiance. C’est tout ça qu’il faut arriver à reconstituer. Ce n’est pas être Bisounours que de dire qu’il y a des gens bien à la FFR, à la LNR, à la DTN. Mais le problème, c’est d’arriver à les faire bosser ensemble sans arrière-pensées. Tout le monde se méfie de tout le monde. Tout le monde est convaincu d’avoir LA solution pour guérir le rugby français. Mais comment voulez-vous avancer avec ça ?

    rugbyrama.fr

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